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À Calamatta [1].
Paris, 10 janvier 1857.

Mon cher Calamatta, non, dans le monde vous ne trouverez pas un plus vilain négligent que moi. Négligent, mon Dieu, pas de cœur cependant. Vous ne doutez pas, cher ami, combien je vous aime et vous suis attaché pour tant de raisons, mais vous savez ce que c’est, sur ce terrain, qu’un premier jour de l’an. J’ai été ballotté comme un vrai ballon et jeté de tous côtés, avec une fatigue que rien ne peut exprimer. Pardon et croyez, cher ami, à mon dévouement amical plus que jamais et aux bons vœux que je vous adresse, pour votre bonté et votre meilleur bonheur, pour votre chère Lina et votre gloire dans un art où vous êtes le premier.

Ma femme se joint à moi et vous redit ces mêmes sentiments. Votre meilleure santé nous a réjouis, et la charmante lettre de votre charmante enfant, que nous avons trouvée délicieuse, nous la fait chérir toujours davantage. Remerciez-la et embrassez-la bien tendrement pour nous. Et quand la reverrons-nous ? Et ce beau gâteau ? Qu’il était beau ! Nous avons été huit jours à l’admirer, puis, présenté par nos amis, nous l’avons trouvé délicieux et nous avons bu à votre santé ; nous le mangerons en votre honneur. Oh ! le bon pays où l’on fait de si bonnes choses ! Mais il nous prend trop souvent notre ami ; nous voudrions toujours avoir notre bon ami Calamatta avec nous.

Je vais, à présent, vous parler un peu de moi. Mais, hélas ! puis-je l’oser après près de vingt jours [2] que

  1. Comm. par sa fille, M me Lina Sand.
  2. Cette lettre, commencée le 10, dut être terminée le 28, dont Ingres marque la date en finissant par ce post-scriptum À ma Vergogna !