Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/442

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 430 —

impatient et plus intraitable, malgré les tendres soins de Madame Ingres. De sorte que ma vie est tout au rebours de celle des autres. Tout y est moralement jeune et se révolte contre la vieillesse qui m’atteint enfin et me fera succomber, comme les autres. Je dois donc être prêt à partir, quand il plaira à Dieu !…

Te revoilà à tes chères études de peinture et de musique, avec tes chers divins auteurs. Et, à ce propos, tu ne parles pas assez d’Haydn, le grand musicien, celui qui le premier a tout créé, tout trouvé et tout appris aux autres. C’est celui auquel on revient toujours avec plaisir et calme. Il est comme le pain quotidien dont jamais on ne se lasse. Toujours on admire en ses œuvres et on y trouve quelque chose de plus.

Plus de concerts, qui fatiguent d’ailleurs trop mes nerfs ; mais le quatuor de chambre et la musique de piano. Car cet instrument dit la musique, elle y tient toute, à la lecture ; c’est là qu’on la goûte, qu’on la savoure, et qu’on la recommence. Presque tous les jours, ma bonne Madame Ingres, quoique peu forte mais bien organisée, me dit, seule ou à deux, cette admirable musique de Haydn, Mozart, Gluck, le plus grand musicien du monde. Ah ! nous n’avons pas besoin d’auditoire ni de grande exécution, pour en jouir beaucoup et en approfondir toutes les beautés.

Ma Sainte Germaine est terminée depuis trois mois, c’est l’arrangement de la Chapelle qui en a retardé l’envoi… Il est vrai que la Nymphe