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Le travail est indispensable à la vie. J’ai à terminer plusieurs toiles commencées, avancées même. M’étant déjà défait de toute espèce de commande, j’aurai, par la suite, la liberté de ne faire que des œuvres à ma volonté, s’il plaît à Dieu. Tu as bien dû jouir des beautés pittoresques que tu quittes. Et tu en auras bien crayonné quelques-unes ?


À Madame Etex.

25 novembre 1852.

Chère Madame, je regrette beaucoup de ne pouvoir répondre d’une manière satisfaisante à votre aimable lettre et à celle de votre mari, contre lequel je n’ai aucun grief particulier, dont j’estime le beau talent, mais dont les opinions, si différentes des miennes, m’éloignent à jamais de ceux qui les professent [1].

C’est avec regret que je me vois forcé de vous en exprimer ma pensée dont vous avez provoqué l’expression, mais dont (sic) je dois vous dire ici ma résolution de ne pas renouer des relations qui me feraient peut-être regretter n’avoir cédé au sentiment que je vous conserve néanmoins.

Recevez, avec mes compliments, les souhaits de bonheur et de prospérité que je forme pour vous, chère Madame, et votre mari, du fond du cœur.

J. Ingres.

(Communiqué par M. Mangeant).

  1. Antoine Etex, élève d’Ingres et statuaire, 2e prix de Rome en 1828, à qui l’on doit les tombeaux de Géricault et de la famille Liouville au Père-Lachaise, et celui de Vauban à l’Hôtel des Invalides, les bas-reliefs de la Résistance et de la Paix à l’Arc de Triomphe de l’Étoile, et enfin le monument d’Ingres lui-même sur les Fossés de Montauban, avait écrit, en 1848, à Proudhon, une lettre célèbre qui fit condamner cet artiste, politicien par erreur, à 6 mois de prison et à 4000 fr. d’amende.