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venir et de l’assurer de tous mes vœux empressés pour son cher fils que j’aurais désiré connaître. Que vous êtes heureux de respirer l’air si pur du pays natal ! Que n’en puis-je jouir, moi aussi !… La Providence fera bien quelque miracle, pour que je cesse d’être traité en proscrit.


À Monsieur de Guisard, Directeur des Beaux-Arts
au Ministère de l’Intérieur.
Paris, ce lundi 20 octobre 1851.

Monsieur le Directeur, permettez-moi tout d’abord de vous exprimer tous mes remerciements, de vous dire combien je suis sensiblement touché des bontés du Ministre et de vous prier, Monsieur, de vouloir bien être auprès de lui l’interprète de ma plus vive gratitude.

Cependant, je dois en même temps l’instruire, ainsi que vous, Monsieur le Directeur, du parti que j’ai pris depuis longtemps avec moi-même de ne plus accepter aucune commande. On sait, en effet, que je me suis désisté de plusieurs grands travaux déjà commencés, avancés même, et cela pour ne plus prendre dorénavant mes inspirations que de moi-même et n’assumer d’avance, sur l’exécution et l’achèvement de mes œuvres, aucune espèce de responsabilité.

Toutefois, dans la situation présente, éprouvant une véritable répugnance à opposer un refus à d’aussi grandes bontés, je viens, Monsieur le Directeur, vous soumettre un terme moyen qui, tout en me laissant mon libre arbitre, me permettrait de répondre aux bienveillantes intentions de M. le Ministre.

J’ai en ce moment sur le chevalet deux tableaux, figures de grandeur naturelle, qui, terminés, pourront