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peut-être le premier de ceux qui se livrent au genre de paysage historique, dont les Poussins sont les sublimes inventeurs : genre sérieux, noble, élevé et, je le dis avec peine, trop peu goûté par le monde. Malgré cela, par son habileté, M. Desgoffes l’a forcé, au Salon de cette année, de s’arrêter devant la plus grande de ses toiles, victoire suffisante pour la modestie de l’artiste, mais qui lest moins devant la réalité de la vie. Aussi, Monsieur, j’ose de nouveau appeler votre sollicitude sur M. Desgoffes ; l’acquisition de ce tableau (une Campagne de Rome exposée dans le grand Salon) par le Ministre serait, à la fois, un acte de justice et un bienfait. Je vous aurais pour ma part, Monsieur, une vive reconnaissance de l’intérêt que vous voudriez bien témoigner à mon ami et élève. Je suis avec la considération la plus distinguée, Monsieur, votre très-humble et très-dévoué serviteur.

J. Ingres, 000
Membre de l’Institut.

M. Sudre, artiste lithographe, vient de demander au Ministre la croix de la Légion d’honneur ; et M. Vilain, mon ancien pensionnaire sculpteur, a fait aussi une demande pour Tachât de sa figure en marbre d’Hébé, qui figure avec honneur au Salon. Auriez-vous la bonté, Monsieur, de vouloir bien vous intéresser aux désirs de ces deux artistes distingués.

(Fonds Paul Bonnefon).


LIII
Ingres à Gilibert.
Dampierre, 2 juin 1846.

Après la première impression pénible et inattendue de ta non venue, j’ai éprouvé le chagrin de