Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 382 —

si honorable que je ne puis assez le remercier, lui exprimer assez mes vifs regrets. Je vous prie, Monsieur, de lui présenter, avec l’espérance de retrouver un jour une si heureuse occasion, mes sentiments de respect et d’admiration.

Ma bonne femme partage tous ces regrets ; vous le pensez bien, et tellement qu’elle ne peut croire à ce que je vous écris, et qu’elle espère encore, tant ses regrets sont grands de ne pouvoir, comme moi, aller jouir de la si douce et aimable affection de Madame surtout, de sa Bibiche et de tout, à commencer par vous, cher Monsieur, qui rendez votre foyer si hospitalier, si aimable ! On y est si heureux, si heureux, que je ne puis assez vous l’exprimer. Enfin, si cependant dans les premiers jours d’octobre vous nous vouliez, il serait possible qu’alors presque libre, — car libre, je ne le serai jamais, grâce à ma position, — nous puissions aller vous voir et prendre un peu de bien bon temps. Quoique très bien de mes rhumatismes, je pense que quelques bains encore m’auraient fait quelque bien ; mais c’est, j’espère, partie remise, surtout si le joli pèlerinage a encore lieu.

Que vous dirai-je, Monsieur, de mes travaux ? Qu’ils avancent lentement, et que j’aurais un si grand plaisir à vous voir ici à votre tour ! Ce sera plus tard, j’espère.

Je vous prie de bien dire à mademoiselle Bibiche que nous l’embrassons tous les deux bien tendrement et de tout notre cœur, parce qu’elle est bien bonne de son souvenir pour nous et bien gentille.

Ma bonne femme, bien reconnaissante aux sentiments qu’exprime si bien madame Reiset pour elle, la remercie et l’embrasse bien affectueusement. Pour supporter gon exil d’Enghien, elle pêche à la ligne et fait un tapis superbe, selon moi.

Au revoir, Monsieur et bien bon ami. J’entends le tyran farouche de mes nuits et de mes jours, qui me crie :