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Je suis heureux de sympathiser avec ton aimable enfant, sur la musique de caractère et non cette musique italienne qu’elle a si bien jugée. Et voilà une bonne Française ; car je mets, là, du patriotisme aussi. Je suis heureux qu’elle charme tes jours par la belle musique, celle qui est émanée de ces hommes divins, hommes d’en haut, — mais presque tous Allemands. Je te prie donc d’embrasser tendrement ta fille, pour moi et pour ma femme qui est surtout beethoveniste.

J’ai vu Cambon, je l’avais invité à me venir voir ici, à Dampierre que je quitte demain. Que puis-je te dire de cet immense travail ? Que je l’ai bien avancé, ces derniers cinq mois, et que le peu de gens qui le voient en sont, il faut le dire, enchantés et dans le ravissement même. Mais moi, pas encore, il s’en faut. Je n’ai, d’ailleurs, pas fini et l’œuvre doit gagner jusqu’à la fin. L’augure est excellent et j’irai jusqu’au bout avec goût et bon courage. Cambon t’en parlera, mais j’ai encore bien avancé depuis sa visite. Espérons que tu viendras le voir, cette distraction te fera du bien…

Mlle Granger s’est mariée a un littérateur de l’école de Victor Hugo… À ce propos, vive Lucrèce ! En voilà-t-il un bel ouvrage ? Aussi ai-je fait dire à son auteur qu’il s’en aille bien vite de Paris, (et c’est ce qu’il a fait !) pour nous revenir avec un nouveau chef-d’œuvre, sans doute.

Notre brave Cambon est un bien digne jeune homme, et je crois avoir fait tout ce que j’ai pu