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ordinaire qui, sans être aucun des trois, a, à lui seul, transporte par son terrible génie, son art indompté et sublime à d’autres bornes.

Voilà, mon ami, toujours mes mêmes passions et toujours mes mêmes adorations. Et moi, pauvre et petit auprès de ces divinités, je ne me reconnais d’autre mérite que celui de l’imitation. Oui. je sens que leur grâce est descendue jusqu’à moi et je me prosterne.

Voilà du bavardage ! Tu vois que je me fais vieux, car je rabâche. Mais je ne sais dire ainsi qu’à toi qui as été initié, comme nous, et qui étais déjà mon ami, en ces temps heureux et charmants où ton excellent cœur savait tout guérir, comme un vrai bon ange. Je me reporte à ce temps qui n’est pas peu fertile en souvenirs. La reconnaissance m’attendrit, par le souvenir de tant de bienfaits que je n’oublierai jamais de ma vie.

XL
Paris, 19 février 1842.

Tu ne peux t’imaginer le très grand bonheur et plaisir que m’ont fait tes deux lettres, et combien je m’en veux encore d’avoir pu un moment blesser les sentiments si généreux d’un si bon et si véritable ami. La joie de te revoir bientôt m’occupe tout entier.

Je te dirai cependant que ce n’est pas sans chagrin que nous pouvons croire, d’après ton