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Septembre 1840.

… Comme je vous l’ai recommandé, je voudrais un cadre excessivement large, (raisonnable cependant). Pour le sujet, qui est un sujet gracieux et un peu étrange, des ornements que l’on appelle, je ne sais pourquoi, « gothiques modernes », me semblent convenir, excepté cependant les clinquants ou les velours dans les fonds. Vous voyez que je suis au courant…

5 septembre 1840.

Je travaille comme un malheureux, malgré toutes les souffrances de la plus horrible chaleur, au tableau de M. Marcotte. Ce tableau, il s’en faut, n’est pas une scène dramatique, touchante ; et même, je le dis à vous, c’est un tableau de nécessité singulière et malheureuse, n’ayant jamais été fait de jet et de grande voglia. Je ne puis vous le cacher, je m’en tire comme je peux, avec mon intelligente volonté, du soin et de la raison. J’espère cependant que, sans être une Stvatonice, ce tableau présentera quelque beauté.

7 décembre 1840.

… Vous avez été content, et contre mon attente même, de mon Odalisque. Tant mieux ; mais la Stvatonice est une autre œuvre, et, sans refuser les éloges que vous donnez au premier de ces deux tableaux, surtout sans essayer de troubler ou d’affaiblir le bonheur de notre digne ami M. Marcotte, je vous dirai confidentiellement que ce succès inouï m’étonne…

Je reçois et je prends, comme toujours, en considération votre avis. Seulement, et sans m’embarquer dans ce que je me réserve de vous dire de vive voix, je vous ferai observer qu’il est presque toujours impossible de suivre le modèle, attendu la difficulté de le placer et de l’éclairer sous le voile. Ce modèle, d’ailleurs, donne rarement ce qu’on veut faire : ce