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hier, nous sommes malheureux, moi, ma femme et tous ses amis. Il était si digne d’en avoir ! Il nous aimait véritablement ; il avait pour son maître et ami autant de tendresse que de respect, un attachement à toute épreuve. Je suis désolé ; je suis furieux contre le sort qui s’acharne presque toujours à détruire ce qui est bon, tandis qu’il épargne tant de monstres nuisibles ou inutiles au genre humain. Lui, un homme si honorable, d’un esprit orné d’une si belle instruction, bon, généreux, content de sa fortune, se trouvant heureux (chose rare) et sachant l’être, ayant un talent fort distingué vraiment dans la carrière qu’il s’était choisie ! Enfin, vous le connaissiez, vous l’aimiez comme nous l’aimons et le regrettons. Ses amis seront bien malheureux et nous pensons à eux aussi ; mais moi, je fais dans ce bon et excellent jeune homme une grande perte pour le présent et pour l’avenir. (Op. cit.)

Ingres.

À Monsieur, Monsieur Dumont, membre de l’Institut, de la légion d’honneur, secrétaire perpétuel de l’école royale des beaux-arts, rue des petits-augustins, à Paris.

Rome, ce 25 juillet 1840.

Mon bien excellent et trop malheureux ami, je ne viens pas rouvrir votre plaie, ce que je voudrais éviter ; mais comme nous devons toujours un tendre culte à ceux qui nous ont été si chers à tant de titres, je me joindrai à votre douleur d’aujourd’hui pour pleurer Madame, un moment, avec vous. Ma femme, qui partage le regret du malheur irréparable qui vous a frappé, se joint à moi.

À présent, recevez mes consolations, cher et digne ami. Vous les trouverez dans votre courage, dans l’amitié à toute épreuve des vrais amis, à la tête desquels nous voulons être, dans le travail qui ne vous manque pas, je