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Certes, on aurait pu être plus généreux, quant au prix qu’on a mis à son tableau Jésus et les petits Enfants ; mais c’est toujours ainsi que fait la grande nation. Ceci est une réflexion d’Ingres. Le modeste Flandrin, suivant ses sentiments, ne songera à rendre que des actions de grâces [1]. (Fonds Delaborde).

Ingres.

À M. Duban.
Rome, 8 octobre 1836.

Par prédilection pour toutes nos belles copies des grands maîtres, je me suis avisé, moi aussi, de rêver un projet pour les rassembler ; et voici, au reste, ce qui m’en a fait naître l’idée. Avant de quitter Paris, M. Thiers m’ayant demandé un rapport particulier aux copies des Loges de Raphaël que je fais exécuter présentement, je crus devoir penser aussi à leur destination à Paris, et je lui indiquai votre église des Petits Augustins comme le lieu le plus convenable sous tous les rapports, non seulement pour y placer, au fond du sanctuaire, le Jugement dernier de Michel Ange, mais encore pour y placer les Loges de Raphaël en face, au-dessus des tableaux copiés d’après les Sept Actes des Apôtres du même maître.

Depuis, et comme on dit que l’appétit vient en mangeant, il me vint dans la pensée de donner encore plus de développement à cette idée en couronnant cette décora-

  1. Après Ingres, un mot de sa femme peindra bien le caractère d’Hippolyte Flandrin. Il fut dit par Mme Ingres à l’élégant Amaury Duval et rapporté par lui dans son Atelier d’Ingres.

    — Oh ! vous…, vous êtes un lion ! Voyez Flandrin : il sort dans la rue en casquette…

    — Si, pour avoir le talent de Flandrin, lui répondis-je, il ne fallait que cela, je sortirais aussi en casquette, et même nu-tête. Malheureusement, je crois que le costume n’y fait pas grand’chose.