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d’art aussi discipliné aux lois de la beauté absolue, que ré Ira claire aux conventions d’une école trop composite et trop faiblarde : cette même vieillotte et inféconde académie à qui ce barbare idéal réserverait, au cours de sa longue carrière d’inlassable adversaire, les plus mortelles de ses flèches. Elle les lui rendit bien, en vain. « En considérant le talent que M. Ingres montre dans ses ouvrages, notait M. Lethière, le 16 septembre 1807, dans son rapport sur les travaux de l’Académie de France à Rome, on désirerait qu’il se pénétrât davantage du beau caractère de l’antiquité et du style grand et noble que doivent inspirer les belles productions des grands maîtres des beaux temps de l’école romaine. » À défaut de grand style que l’honorable directeur de l’École de Rome regrettait dans les ouvrages de l’élève Ingres, M. Lethière avait heureusement des tableaux de grande romanité tels que la Mort de Virginie que le Musée du Louvre devait, plus tard, vouer à l’admiration tardive de la postérité. Ingres parut comprendre autrement les Antiques ; et, jusqu’en 1818 où il vécut à Rome, pour son premier séjour dans la ville de ses plus idéales passions, il n eut de temps et de loisirs que pour des œuvres de classique révolutionnaire qui sont devenues des chefs-d’œuvre et qu’il serait trop long de citer ici, tout entières.

III

On sait qu’en attendant son départ pour Rome, Ingres avait peint une série de portraits, sans compter son Bonaparte premier consul (1805) et son Napoléon empereur (1806), dont les commandes officielles furent si peu rétribuées. Mais la magistrale tenue en plaça l’élève à l’égal de son maître, pour les plus remarquables que David présentait à l’unanime admiration de ses contemporains, (entr’autres ceux de Pie VII, de Mme de Tingry, des familles Pécoul et Sériziat, et de David même). Les inou-