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l’extinction de la mendicité, m’a fourni L’occasion de placer (et mieux qu’au Salon) votre excellent tableau des Nymphes. J’en aurai soin, comme du mien et de celui de M. Balze. Enfin j’ai vu, mon très cher, vos deux dernières œuvres qui m’ont fait le plus grand plaisir : originalité de lignes, physionomies à vous, figures charmantes comme création et grâce et, en général, le tour d’une bonne exécution. Cependant je ne puis n’empêcher, cher ami, et permettez-le moi, de vous conseiller de passer d’une manière moins brusque des tons et plans trop chauds à ceux trop froids. C’est le fait d’une mauvaise laque jaune, dont vous usez ; elle est trop crue, ne s’harmonisant à rien et moins encore à des tons trop entiers d’outremer qui font uniquement vos seconds plans. Il n’y a pas que moi, qui aie fait ces remarques. L’ami Gilibert vous en parlera et vous exprimera encore le plaisir que vos tableaux ont fait, notamment à M. Siméon qui en a été charmé et que j’ai bien endoctriné pour vous.

Adieu, bien cher ami. Présentez mes hommages sensibles et reconnaissants à madame Debia, à votre cher frère, à monsieur votre oncle. Vos belles amies et tous les amis de la chère patrie sont dans mon cœur.

Votre dévoué et très attaché,
Ingres.