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Vous allez travailler, tant mieux ! Je compte beaucoup sur votre talent, et le jour viendra où les ténèbres disparaîtront. Patience ! Produisons en silence, de bonnes choses surtout ; et votre place vous attend, je n’en doute nullement. J’ai jugé à propos dans votre intérêt de déposer tour à tour vos deux tableaux au Musée Colbert, rue Vivienne, de compagnie avec mon Œdipe qui y figure par la seule autorité de son propriétaire. Car il y a monstrueuse anomalie, vu que c’est un repaire romantique encore plus extravagant que jamais. Cependant mon ouvrage fait un cruel procès à tout ce ramas et attire, j’ose le dire, toutes les nobles admirations. J’ai remis cet ouvrage dans un bel état, matériellement et spirituellement : on va le lithographier. Votre tableau y est très bien exposé et on en parle avec éloge. Je voudrais encore autre chose, mais le goût des amateurs est tout à fait corrompu. Patience ! Allez toujours. » J’ai de l’argent à vous, vous le savez. Ainsi, soit couleurs ou autres frais, ne vous gênez en rien.

M. Chenavard vous fait passer deux livraisons de son ouvrage. Je suis dans l’intimité avec Baillot. Jugez de mon bonheur : je ne me dérange plus que pour la divine musique de Mozart, Cherubini, Gluck, Haydn. On dirait que ces chefs-d’œuvre rajeunissent et redoublent de beauté.

Adieu, cher ami ! Exprimez bien à Madame combien nous sommes infiniment sensibles à tout son souvenir et à toutes ses bontés infinies, entre