ment le petit Dominique fut, à 11 ans, le portraitiste de son grand-père, d’une de ses sœurs, de sa mère et de son père, en quatre dessins que le Musée de Montauban nous conserve et que l’artiste, à un âge si tendre, eût pu signer vraisemblablement « l’auteur des auteurs de ses jours » ? Comment, à 12 ans, ce petit prodige raclait déjà, sur le violon paternel, les premiers airs de Méhul que cet autre Joseph apprenait à son Benjamin pour commencer à lui faire gagner sa misérable vie, chez Mgr Anne-François-Victor Le Tonnelier de Breteuil, évêque de Montauban, et au Théâtre de Toulouse ? Comment une première amitié, — autre genre de fortune pour ce pauvre déshérité du sort, dans cette ville de protestants où la Religion claquemure, aujourd’hui encore, les portes qu’a depuis longtemps fermées l’intransigeance catholique des uns et l’orgueilleuse aristocratie des autres, en ce Montauban coupé en deux et séparé par des fossés de sang, depuis les inoubliables dates de la Réforme et de l’Édit de Nantes, — comment une première amitié naquit sur les bancs d’une petite école de même quartier, entre ce petit Ingres qui y venait apprendre les seules Lettres qu’il saurait jamais, et Jean-François Gilibert, de quatre ans plus jeune que son aîné et aussi plus fortuné que lui, en sa belle maison de la Place Trimon ? De là partira, jusqu’à la mort de cet ami fidèle, de 1818 à 1850, la plus intime correspondance à laquelle Ingres, devenu grand, donnera tout son cœur que la célébrité aura laissé à l’homme illustre et toute sa littérature qu’aura pu lui
curiosité d’un père qui se flatte toujours sur le sort de son fils. Comptez sur ma reconnaissance.
Votre serviteur,