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ne saurais te dire assez combien je lui suis attaché, pour son caractère, son talent et tout ce que son amitié pour moi m’a généreusement prêté d’obligeant, d’une manière si dévouée et sans bornes. Car, j’ai été bienheureux de l’avoir ici dans mon accouchement homérique, où il s’est dévoué à m’aider et à faire, avec un rare soin, ce que je n’aurais peut-être pu faire moi-même, et cela avec un zèle et un dévouement tendre pour ma gloire et mes intérêts. Car je ne me suis, de ma vie, trouvé en pareil embarras et ne m’y trouverai, j’espère, plus.

Enfin, c’est chose finie et, grâce à une heureuse composition d’un style suivi, fondé, je crois, sur le vrai, le tout accompagné de deux portraits. Je m’en tire au-dessus de mes espérances et suis loué, selon moi-même, outre mesure. Ce qui fait cependant que je dois être un peu satisfait du succès, c’est qu’il est général et parmi les bons esprits. Du reste, c’est avec un ouvrage qui n’est point terminé, placé à un jour très bas, ce qui prive les objets de toute saillie ; il faut donc que le fond parte de bonne source apparemment et et que, malgré la corruption du moment, le vrai, le simple, l’exact même, en petite quantité, puissent se faire jour et triompher.

Ne crois pas cependant que, dans cette corruption, il n’y ait pas de très bonnes choses. Ce Salon, au contraire, me parait fort et donne l’idée d’une grande nation qui fera, quand elle le voudra, la loi aux autres, surtout quand elle ne se lais-