Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES ARTISTES FRANÇAIS AU SALON
DU
« Vœu de Louis XIII »

I

Nous avons laissé Ingres au liminaire de cette ingrate Rome, à laquelle cet imitateur passionné des Antiques refuserait aussi ses os ; et nous l’avons accompagné au seuil de cette idéale Florence où la robuste foi de ce gestateur d’épopées, toujours défait et toujours invaincu, réaliserait peut-être enfin ses rêves. Les derniers sont toujours les plus beaux. Ce sont aussi, souvent, ceux que la Divinité implacable à l’Humanité qui rivaliserait de génie avec elle, permet seulement d’entrevoir dans le lointain d’une Terre-Promise, à tout Moïse expirant sur quelque Sinaï de l’avenir.

Pauvre prophète de l’art nouveau, en venant asseoir sa misère et son génie au foyer d’un charitable Florentin, Ingres n’avait-il pas confondu les pôles ou, en Janus Bifrons assez puissant pour observer les deux points extrêmes, n’avait-il pas pris le passé pour l’avenir et l’imitation des Antiques pour la seule norme des Arts, à laquelle il avait obstinément voué son impeccable éducation d’artiste. Sans doute, d’Homère à Raphaël, la Beauté, immuable en son essence avait fait de grands maîtres ; mais cette même Beauté, si changeante en ses accidents si divers, ne donnerait-elle pas le droit de vivre, de leurs génies originaux,