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aurons pour colloquer (à son parfait effet) le tableau, ne nous prennent pas tout le temps que j’aurai à passer auprès de vous, et que je puisse être à tous les tendres sentiments que je dois à toi surtout et à ma chère patrie. Au reste, huit jours avant de monter en voiture, je t’écrirai ; ce qui n’empêche pas que j’attends réponse à celle-ci. Ne pourrai-je pas acheter le tableau de l’Épée d’Henri IV qui est à Monta uban, ou du moins me le faire prêter pour le faire graver ? Donne à cela ta pensée. Mes tableaux se vendent ici, — ceux que j’ai faits pour vingt-cinq louis, — au dessus de 8.000 francs.

XX
Mardi, 7 novembre 1826.

Mon tendre ami, je reçois à l’instant ta dernière qui vient d’éveiller mon extrême sensibilité, par tout ce que tu m’annonces du cœur de mes chers compatriotes et surtout du tien. Tu sais ce qu’est le mien pour toi.

Mais c’est trop pour moi ! Pourquoi faire tant de frais ? Attendez que j’aie fini ma carrière et que je sois couvert de cheveux blancs, pour mieux et tout-à-fait mériter tant d’honneurs. J’en suis confus d’avance, croyez-le bien, mon très cher. Sois adroitement mon interprète auprès de ceux qui me voyent plus haut que je ne suis certainement. N’éveillons pas l’envie, qui est toujours prête à tout empoisonner. Enfin, je pars jeudi, à