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avec toi. Après cela, si tu veux, nous irions encore à Bruniquel, lieu chéri des souvenirs de mon enfance, mais pour revenir le soir. Voilà bien des projets, mais malheureusement l’homme propose… De tous ces voyages, motus dans ta lettre et pour raison : ma bonne femme qui me croit perdu, quand je la quitte quinze jours, serait trop effrayée Je te remercie de l’offre hospitalière que tu me lais, mais je ne puis ne pas descendre à l’hôtel Puligneux, chez mon beau-frère ; chose arrangée et convenue depuis longtemps avec lui. Mais je m’arrangerai aussi pour passer les trois quarts et demi du temps avec toi. Ça, tu peux y compter.

Je t’écrirai, huit jours avant mon départ qui ne sera en définitive que vers les premiers jours de novembre, pour la raison que le tableau doit mettre à peu près dix-huit à vingt jours de route et ne partira que vendredi ou samedi prochain. Fais part de ceci à M. le Maire, avec mes regrets et mes très humbles respects. Le Ministre de l’Intérieur a dû annoncer l’arrivée du tableau à M. le Préfet. Quel est M. le Préfet, pour mon instruction ?

Je t’apporterai tes couleurs, du vernis, une brosse. Serai-je obligé d’apporter aussi des tenailles dites de tapissier, pour tendre un aussi grand tableau ? Réponds-moi de suite, surtout. J’ai le pied à l’étrier ; mais je suis bien tranquille sur ton zèle amical.

Te dire que j’ai peu de sang-froid, en pensant à cet heureux moment où je reverrai ma patrie