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a été bien funeste à ma pauvre femme, en provenant d’un rez-de-chaussée bien joli, à la vérité, mais qui me l’a rendue trois fois malade. Je la voyais comme finir, tout doucement. Juge de mon désespoir. Mais j’en serai quitte pour un rhumatisme. Dieu merci ! elle est bien à présent, et a tout à fait repris sa première santé. Je ne remets pas à te dire les compliments et remerciements qu’elle t’adresse, me répétant souvent : « Enfin, ton Gilibert, quand vient-il ? Car voilà la place de son lit de garçon. »

Ensuite je me suis trouvé accablé de petits dessins, notamment pour l’ouvrage du Sacre ; tous travaux qui, par leur petitesse, m’inspirent peu et me font, malgré la belle position future, regretter le temps où je peignais notre Vierge. Il faut aussi compter avec une école de dessin qui contient déjà quatorze élèves et qui, avec le temps, deviendra, j’espère, encore plus forte. Tout ce que je te raconte d’opérations, n’a été fait qu’à force de temps et de soins bien longs dont, à peine, je suis sorti. À la vérité, ils ne sont plus à faire et m’ont mis dans la barque où je vais, j’espère, voguer à pleine voiles pour arriver décidément à un but glorieux et purement historique. Car, après une couple de portraits que j’ai déjà faits ici de gens aimables et que j’ai eu tout à fait à la main, je n’en veux plus faire. C’est une perte de temps considérable, des efforts infructueux par la sécheresse de la matière qui, décidément.