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sèment à me retirer, pour ainsi dire, de Paris et à y être comme mort.

Les pourquoi ? Tu connais Paris. Mes occupations en art, jusqu’ici, sont à peu près nulles. Mon arrivée dans le milieu du Salon, temps toujours perdu pour les artistes qui ont leurs intérêts et leur gloire à soigner ; un retour de vingt ans ; un tiers de ce pays à voir et en être vraiment fêté, courses continuelles et forcées ; deux abordages à l’Institut ; des ouvrages contractés et reçus du Gouvernement et des particuliers ; un temps considérable donné aux tableaux que l’on grave d’après moi, tels que le Virgile, le Raphaël et la Fornarina, qui viennent d’être terminés et dont je vais t’adresser des épreuves ; mes deux tableaux de François 1er et Henri, IV, l’Odalisque, et enfin notre Louis XIII dont M. Lacaze-Rauly a du te parler et qui est un vrai chef-d’œuvre. C’est le dessinateur lui-même qui le grave. Je lui donne quinze mille francs que j’emprunte, en les prélevant sur la vente, et nous restons encore de moitié sur la vente.

Ajoute à cela la tardive arrivée de mes ouvrages d’étude, de mes estampes, plâtres, livres, etc., et les soins que je donne, tous les jours, à leur restauration ; car l’eau de la mer a séjourné dans la caisse et causé beaucoup de dommage. Et puis, les embarras des logements. J’ai trouvé avec beaucoup de peine des ateliers, dans lesquels je ne puis entrer que le 1er avril, à cause de la fraîcheur des murs et autres incommodités. Celle-ci