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Voilà, mon cher ami, le moment présent de ma situation et de mes espérances. Tu en partages tout l’intérêt et tu dois bien croire que tout cela me donne, aussi bien, à penser à toi et à nos projets futurs ; en première ligne, de nous réunir pour passer et finir notre vie ensemble. Que de beaux jours et de belles jouissances l’amitié et les beaux-arts peuvent nous procurer ! Adieu, mon cher et bien cher ami. Penses-y, comme moi ; et crois-moi, malgré tout, ton bien vrai ami.

À propos, rassure-toi, rassure tout le monde, si le tableau de Louis XIII n’est pas encore arrivé. Il arrivera, il doit arriver, malgré les projets que l’on avait de l’exposer et de le garder ici, au Luxembourg. J’ai protesté et déclaré que je priais et désirais qu’il vous fût envoyé et que l’on ne me privât pas de ce qui me tient tant au cœur, l’amour de ma patrie et l’estime de mes compatriotes. Mais, avant de l’envoyer, j’ai pensé en vouloir un dessin pour le faire graver, un jour ; et c’est cette seule raison, qui le retient à Paris. Je voudrais donc par tes soins, mon cher ami, que, de Montauban, on n’importunât pas le Ministre ici, pour se faire envoyer le tableau, de trois mois au moins encore. Je mets ce temps au minimum, attendu que le dessinateur est lent. Voilà plus d’un mois que le Ministre est en droit de me le demander, étant déjà dépassé le terme qui m’a été accordé. Vois s’il est nécessaire, toi, sur le terrain, que j’écrive à nos autorités. S’il en était ainsi, aurais-tu la bonté de me faire le brouil-