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çant par ma nomination de Correspondant et sans l’avoir demandé, tu le crois bien. Sans nous l’être dit, nos deux cœurs se sont bien entendus dans cette occasion. Garde-toi bien de penser que, quoique affreusement négligent, je cesse un moment d’être d’idée et de cœur avec toi. Et c’est pour cela qu’il faut absolument, cette fois-ci, que je te revoie et à Paris. J’y serai, bien sûr, du 12 au 15 octobre. Si tu ne t’es pas servi de ce peu d’argent, fais-en usage pour cette occasion. Pourrait-il être mieux employé ? À Paris, nous y pourvoierons. J’y essayerai peut-être quelque chose, trop heureux de pouvoir une fois faire pour toi ce que ta as fait si fraternellement pour moi. Quand nous serons ensemble, je répondrai à tes belles lettres. Ce que je puis te dire, c’est que tu as raison sur tout.

XV
Paris, 12 novembre 1824.

Mon très cher ami, à mon arrivée ici, j’ai été bien fâché de ne pas t’y embrasser ; et doublement fâché, puisqu’ici tu jouirais, pour ton ami, de son succès complet auprès des artistes et des non-artistes devant notre tableau, qui est exposé, depuis ce 12, au matin.

Je ne puis te dire l’accueil flatteur et honorable que je reçois ici, et quelle belle place on m’y donne. Les vrais croyants disent que ce