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parle pas plus de moi que si je fusse mort. C’est un homme d’esprit et de talent. Ce qui fait que je lui pardonne ses torts, c’est qu’il est fou.

Je te remercie pour tout ce que tu as fait, dans nos véritables intérêts. Je te trouve trop généreux. Tout n’est-il pas tien ? Puisque tu le veux ainsi, nous nous laissons faire. Je suis sûr de pouvoir assurer dans tes bonnes mains ce qui me reste à toucher du grand tableau. Tu es notre bon ange. Tu rends complet le bonheur dont je jouis, depuis huit ans, par la sagesse et le bon esprit d’une épouse que j’aime plus que le premier jour. Nous sommes cités, comme exemple. Je passe exactement ma vie dans mon atelier. Je travaille à la Naissance de Vénus. Je te demande si un titre pareil doit occuper mes pensées et mes soins. Jusqu’ici, tout va assez bien. Nous recauserons de cela, de mon budget et d’ouvrages pour l’Exposition. Alors, je prendrai ma place ou jamais. Je peins avec un plaisir que je ne puis exprimer…

XIII
Florence, 12 novembre 1823.

Je m’éveille de ma coupable léthargie… Le temps s’écoule, oui, et je n’en suis pas plus avancé. Vicissitudes sur vicissitudes ! Il se trouve que, dans le moment le plus important de ma vie, après le malheur d’avoir abordé ici, j’étais cependant parvenu à me voir à la tête d’ouvrages qui,