Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 101 —

et trop par le médiocre, — il n’est pas exclusif.

Que j’aurais de plaisir à musiquer avec toi ! Combien tu me manques ! L’avenir réparera tout cela ; mais le temps, qui est un avare, ne rend rien.

À Paris, dans seize mois ! L’argent que tu me gardes, (et qui est à toi, d’ailleurs), me répond de ce cher rendez-vous. Quel plaisir de te revoir à Paris et avec Auber et son Raphaël, (Mozart, qui est bien aussi le nôtre). Et combien, d’autres que tu me nommes et pour lesquels j’ai de l’estime et de l’amitié ! Cette visite devra fixer mon séjour, là ou en Italie. Si je pouvais ne plus te quitter I La vie est courte. Hâtons-nous d’en jouir. Que de jolis détails tu me donnes sur cette république des arts, et dans combien de privations je passe ici ma vie !

Quant aux hommes comme Gérard, dont je respecte toujours le talent et déteste les finesses, je n’ai d’autre arme pour forcer son estime que de bons ouvrages faits avec conscience, dans une route qui n’est pas la sienne. Il a trop de talent, d’ailleurs, pour ne pas reconnaître, parmi mes défauts, mes bonnes qualités. Mais comment se fait-il que tu n’aies pas vu mon Odalisque ? Ton séjour si court, à Paris, m’a empêché de t’adresser au meilleur de mes amis, (après toi, bien’entendu), M. Marcotte, pour voir chez lui mon tableau de la Chapelle Sixtine : puis à M. de Pourtalès, le frère, qui a mon Odalisque et mon Raphaël et la Fornarina. Mais nous reverrons tout cela ensemble.