Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 89 —

dans sa caisse, goudronné et emballé : tout cela, avec une tendresse de père. Notre ami M. Gomier a jugé à propos de profiter de l’occasion que tu m’indiquas, la trouvant très bonne pour son heureux transport. Il est donc parti, ces jours derniers, de Livourne, adressé à M. Imbert, négociant à Marseille. De là, il ira droit à Montauban, adressé à MM. Paris frères, et à ton adresse aussi, car tu es son vrai parrain en tout.

Achève, je te prie, de le présenter dans le monde et fais-lui sa dernière éducation. Voici comme tu dois t’y prendre. Déballe-le et ne sois point effrayé s’il est couvert de poussière. Arme-toi d’une éponge douce et propre et, avec de l’eau presque tiède, lave-le et essuie-le très doucement avec un fin mouchoir de batiste. Je désire qu’il soit vu, (en attendant qu’il entre dans son cadre), dans sa caisse de voyage. Après donc que tu l’auras essuyé, comme il ne devra être verni que dans un an, il faut cependant y passer un vernis du moment. Et voici comme tu dois t’y prendre. Procure-toi un œuf frais, enlève le jaune, recueille le plus beau de la glaire dans une assiette bien propre, verse dessus une demi-cuillerée à café d’eau-de-vie, autant de sucre pilé et blanc, arme-toi d’une fourchette et bats le tout jusqu’à ce que ce tout devienne extrêmement mousseux, comme des œufs à la neige. Alors, avec une petite éponge bien propre et bien douce, (pour ne pas rayer le tableau), prends le blanc d’œuf et passes-en bien également partout, sans qu’il y ait, en regardant de côté, aucune épaisseur.