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Bonne aubaine, me dis-je ; à moins de quelque attrape
Je n’irai pas pieds nus. Mais, malgré maint effort,
Le pouce n’entre pas et le talon s’échappe.
Il ne faut pas compter sur les souliers d’un mort.

J’allais me marier ; tandis qu’à la mairie,
Et c’est là le dernier des maux que je vous peins,
Ma future moitié jure, tempête et crie,
Au moment de partir, je n’ai pas d’escarpins.
Chez le chausseur voisin, enseigne renommée,
On court ; je suis sauvé… Voyez quel coup du sort :
Pour cause de décès la boutique est fermée.
Il ne faut pas compter sur les souliers d’un mort ;
Il ne faut pas compter (bis) sur les souliers d’un mort.


LA NEIGE


Air nouveau.


Je ne veux pas, ma jeune amie,
Craindre un serpent sous chaque fleur ;
Mais dans le plaisir endormie,
L’âme s’éveille à la douleur.
À son coucher, l’astre qui dore
La plaine et l’horizon lointain
Promettait une belle aurore :
Il a neigé ce matin. Ter

Vois : déjà la brise est plus fraîche ;
Le givre, emperlant le sillon,
Flétrit le duvet de la pêche
Et le velours du papillon.