Page:Imbert - Chansons choisies.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La lune monte et le bois d’aunes
S’agite dans l’ombre sans bruit.
On dirait que ses feuilles jaunes
Craignent de réveiller la nuit.
Mon fils, si le sommeil t’accable,
Tu peux ronfler dans mon manteau ;
Dans les yeux je n’ai pas de sable.
Bonne nuit. L’œil au guet, Pataud !

Toujours veillant à la besogne,
Un ciel sombre ou clair, voilà notre toit.
Mais la nuit tombe, et le chien grogne ;
Allons, Pataud, tais-toi !


LES SOULIERS


Air des Feuilles mortes.


J’avais un oncle riche, ailleurs qu’en Amérique ;
Or cet oncle était vieux et ladre, mais cagot.
Il ne dépensait rien, vivait sans domestique,
Et dans ses vieux souliers entassait un magot.
Il meurt enfin : j’accours, en héritier avide ;
Le bec enfariné, je vole au coffre-fort…
La grenouille est partie et la cachette est vide.
Il ne faut pas compter sur les souliers d’un mort.
Il ne faut pas compter (bis) sur les souliers d’un mort.

Un de mes vieux amis (j’aurais dû le connaître,
Car nous nous tutoyions avant d’être écoliers),
Voulant me consoler, ou me railler peut-être,
Me fait don en mourant de ses meilleurs souliers.