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NOTICE SUR SOLNESS

reprocher ce désastre. Bien qu’il n’ait fait que le concevoir en idée, sa conscience le tourmente. Cette conscience inquiète et débile est celle du chrétien, en général, ou plutôt de l’homme né chrétien, ayant cessé de l’être et ne pouvant cependant tuer en lui ce sentiment de culpabilité que le christianisme implante dans les âmes, et redevenir jeune et fort comme un viking païen.

Je ne dois pas oublier, en résumant les idées incarnées dans ce drame, la figure du médecin. Elle fait penser à ces observateurs myopes, à ces critiques bornés, à tous ces sages qui, guidés par ce qu’ils appellent le simple bon sens, ne savent ni interpréter le passé, ni prévoir l’avenir, ni comprendre ce qui se passe sous leurs yeux. Ce sont eux cependant dont on réclame l’assistance en cas de danger, c’est à eux qu’on demande de retenir dans leur élan les fous que l’amour de l’Idéal ou