Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
PEER GYNT
LE PÈRE (doucement)

Tant pis pour lui.

AASE (pleurant)

Oui, oui. Il est perdu.

LE PÈRE (hochant doucement la tête)

Perdu. C’est bien le mot.

AASE

Non, ne dites pas cela. Il est si malin. Il n’y en a pas de plus fort que lui.

LE PÈRE

Mauvaise femme que tu es.

AASE

Oui, c’est vrai, je ne vaux rien. Mais mon gars, lui, est un trésor.

LE PÈRE (toujours du même ton voilé et avec la même douceur dans le regard)

Il a le cœur endurci et l’âme vouée à l’enfer.

AASE (avec angoisse)

Non, non, ce n’est pas possible. Le Seigneur n’est pas si dur que ça !

LE PÈRE

Crois-tu qu’il soit capable de contrition ?