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ACTE PREMIER
SECONDE VIEILLE

C’est Peer Gynt qui a hissé sa mère sur le toit du moulin !



(Une colline couverte de buissons et de bruyères. Au fond, le chemin communal, bordé d’une haie.)

(Peer Gynt arrive par un sentier, se dirige vivement jusqu’à la haie et regarde le pays qui s’étend devant lui.)

PEER GYNT

Voici Hægstad. J’y serai bientôt rendu. (Il se met en devoir de franchir la haie, mais se ravise.) Qui sait ? Ingrid est peut-être seule dans sa chambre. (Il se fait un abat-jour de la main et regarde au loin.) Non. Le chemin fourmille d’invités. Hem. Je ferai peut-être mieux de rentrer. (Il retire la jambe engagée dans la haie.) Ils sont toujours là, à chuchoter, à ricaner derrière moi, que j’en ai chaud dans le dos. (Il fait quelques pas en s’éloignant de la haie et arrache quelques feuilles d’un air distrait.) Si l’on pouvait seulement boire un coup, ou si l’on pouvait se glisser sans être vu. Ou si l’on n’était pas connu de tous. Un petit verre, c’est encore ce qu’il y aurait de mieux. Quelque chose de fort. Ça vous raidit contre les risées des gens. (Il promène autour de lui un regard effrayé et se cache dans les buissons. Des gens, se rendant à la noce, passent, portant des vivres.)

UN HOMME (causant avec d’autres)

Le père était un ivrogne, la mère est une gale.