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PEER GYNT

(S’approchant.) Impossible ! Et pourtant vrai ! Eh bien, non ! j’ai lu quelque part que la foi transportait les montagnes, — mais qu’elle transportât les chevaux !… Suis-je sot ! En voici un : le fait est positif. Ab esse ad posse, et coetera, ma foi ! (Il endosse le costume par-dessus ses habits et se contemple.) Sir Peer, — et Turc par-dessus le marché ! Vrai ! on ne sait jamais ce qui peut arriver. Hardi ! mon beau coursier ! (Il monte en selle.) Des étriers d’or pour y passer mon pied ! Ferme en selle, c’est la marque des gens de race ! (Il disparaît au galop du côté du désert.)



(Dans une oasis, sous une tente de scheïk arabe, Peer Gynt, en habits orientaux, étendu sur un moelleux divan, prend du café en fumant un chibouque. Devant lui, dansent et chantent Anitra et un chœur de jeunes filles.)

LE CHŒUR

Gloire, gloire au Prophète,
Maître du temps, Seigneur de l’inconnu,
Qui vers notre douce retraite
Par la mer de sable est venu.
Gloire au Prophète, au Seigneur infaillible !
Poussé par le Ciel et les vents,
Il vient vers notre ombre paisible,
Sur la mer des sables mouvants.
Flûtes, chantez vos airs de fête,
En l’honneur du divin Prophète !

ANITRA

Il vient, monté sur sa cavale
Blanche comme un fleuve de lait.