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Scène V

Nils LYKKE
(Seul).
(Il jette un regard vers la porte ; l’expression de ce regard est mêlée de surprise).

Elle va le chercher, oui… vraiment elle va le chercher !

À présent la partie est presque gagnée ! Je n’eusse pas cru que cela eût été aussi facile… elle fait certainement le jeu des révoltés ; elle a tressailli de peur lorsque j’ai nommé le fils de Sten Sture. Enfin ! puisque madame Inger s’est laissée prendre facilement au piège, Nils Sture ne fera pas de difficultés ; il est jeune et irréfléchi.

Avec ma promesse de secours il partira et, en route, Jens Bjelke le fera prisonnier ; alors c’en est fait du complot, et c’est une victoire pour nous.

On dira que le jeune comte Sture s’était réfugié à Ostraat, qu’un envoyé Danois a eu un entretien avec madame Inger à la suite duquel le jeune homme a été capturé par les soldats du roi Gustave, non loin d’Ostraat…

Quelque grande, quelque solide que soit la considération du peuple pour madame Inger, cette considération ne résistera pas à un pareil coup.

(Inquiet, il se leva soudainement).

Diable ! si madame Inger avait deviné… peut-être en ce moment même le jeune comte nous échappe-t-il.

(Il tend l’oreille vers la salle des chevaliers et sourit).

Vaine inquiétude ! Les voici.