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L’UNION DES JEUNES

lundestad (il montre Stensgard qui cause avec Thora). — Regardez ! que doivent penser les gens ?

bratsberg. — Ils vont savoir ce qu’ils doivent penser.

lundestad. — Trop tard, monsieur le chambellan ; il s’insinue en se servant d’espérances, d’apparence et de probabilités.

bratsberg. — Je sais aussi manœuvrer, monsieur le propriétaire Lundestad.

lundestad. — Qu’allez-vous faire ?

bratsberg. — Vous allez le voir (il s’approche de Fieldbo). Monsieur le docteur, voulez-vous me rendre un service ?

fieldbo. — Avec plaisir.

bratsberg. Hé bien, mettez-moi cet homme à la porte !

fieldbo. — Stensgard ?

bratsberg. — Oui, ce chevalier d’industrie. Je ne veux pas prononcer son nom. Chassez-le ! Je vous donne carte blanche.

fieldbo. — Carte blanche… Sous tous les rapports ?

bratsberg. Oui, par le diable !

fieldbo. — Votre main, monsieur le chambellan.

bratsberg. — La Voilà.

fieldbo (bas). — Allons, c’est le moment ou jamais. (Haut). L’honorable société veut-elle me prêter un instant d’attention ?

bratsberg. — Le docteur Fieldbo a la parole.

fieldbo. — J’ai l’honneur de vous faire part, avec le consentement de M. le chambellan, de mes fiançailles avec sa fille, Mademoiselle Thora.

(Grande surprise. Thora pousse un faible cri. Le chambellan veut prononcer quelques mots, puis se tait).