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THÉATRE

fieldbo. — Moi ?

bratsberg. — Oui, vous ! Vous allez et venez chez moi ; je vous demande conseil sur tout, et cependant il y a quelque chose de mystérieux en vous, quelque chose de détestable, d’étrange que j’exècre.

fieldbo. — Mais vous pouvez très bien vous expliquer cela.

bratsberg. — Moi ? non, c’est votre affaire. Au reste, maintenant, quittons ce sujet.

fieldbo. — Monsieur le chambellan, nous ne nous comprenons ni l’un ni l’autre. Je n’ai pas de lettre de change à renvoyer, moi ; mais il se pourrait que je fasse un plus douloureux sacrifice.

bratsberg. — Vrai ? Comment ?

fieldbo. — En me taisant.

bratsberg. — En vous taisant ! Voulez-vous que Je vous dise ce qui me tente, moi ? Devenir grossier, jurer, entrer dans l’Union des jeunes. Vous êtes très intelligent et distingué, monsieur le médecin des forges, cela ne peut convenir à notre libre société. Voyez Stensgard, il n’est rien de tout cela, lui ; et c’est pourquoi il va venir chez moi, ici, il va… il va… Ah ! j’aurais vraiment envie de… Et maintenant faites votre profit de cela… Comme on fait son lit on se couche.