Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
L’UNION DES JEUNES

en ma faveur. Elle fait de brillantes affaires, elle est en bons rapports avec le chambellan, depuis l’époque où sa sœur a servi chez lui comme gouvernante. Si j’obtiens sa main, j’aurai peut-être les travaux de la commune ; et, de plus… nom de Dieu ! je l’aime !

stensgard. — Aimer ! aimer ! Ah, laisses de côté cette hypocrisie !

bastian. — Hypocrisie ?

stensgard. — Oui, tu te mens à toi-même, tu parles en même temps de travaux vicinaux et d’amour. Appelles donc chaque chose par son nom. Il y a quelque chose de malpropre dans tout cela, je ne veux pas y tremper.

bastian. — Mais écoutes donc !

stensgard. — Fais-moi grâce, je t’en prie ! (à Fieldbo qui entre.) Eh bien, comment vont les élections ?

fieldbo. — A merveille ! Lundestad dit que tu as presque toutes les voix.

stensgard. — Vraiment ?

fieldbo. — Mais à quoi cela te servira-t-il, puisque tu n’es pas propriétaire foncier ?

stensgard (bas). — Malédiction !

fieldbo. — On ne peut pas avoir tout à la fois, quand on gagne d’un côté, il faut se résigner à perdre de l’autre. Au revoir.

(Il sort.)

bastian. — Que veut-il dire avec ses gagner et perdre ?

stensgard. — Je t’expliquerai cela plus tard. Mais écoute, mon cher Monsen, pour en revenir à notre con-