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THÉATRE

stensgard. — Je suis devenu prudent depuis quelques jours.

fieldbo. — Oh ! tu n’es cependant pas devenu plus prudent qu’il ne faut puisque tu te laisses jouer par le vieux Lundestad.

stensgard. — Tu crois que je n’ai pas lu dans le jeu de Lundestad, que je n’ai pas vu qu’il s’adressait à moi parce qu’il croyait que j’avais gagné le chambellan et qu’il voulait me brouiller avec Monsen et isoler le propriétaire de Storli.

fieldbo. — Maintenant qu’il sait que tu n’as pas gagné le chambellan…

stensgard. — Il est allé trop loin pour pouvoir reculer. J’ai employé le temps, j’ai fait distribuer des journaux, la plupart de ses partisans n’arrivent pas, tous les miens sont ici.

fieldbo. — Entre un candidat et un député, il y a un abîme.

stensgard. — Lundestad sait fort bien que s’il me nuit dans la réunion des électeurs, je suis homme à le faire sortir de l’administration communale.

fieldbo. — Ce n’est pas trop mal calculé ; mais pour que tout cela réussisse il te faudrait, tu le sens bien toi-même, des racines plus solides que celles que tu as jusqu’à présent.

stensgard. — Oui, les électeurs exigent que leurs députés offrent des garanties matérielles et qu’ils aient avec eux une communauté d’intérêts…

fieldbo. — Parfaitement. Et c’est pour cela qu’il faut que Mademoiselle Bratsberg soit sacrifiée.

stensgard. — Sacrifiée ? Oui, j’ai été un faquin, un