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THÉATRE

fieldbo. — Avec une telle distinction !… Oui, hélas ! nous y voilà !

stensgard. — Pas du tout. Je suis homme à voir le mauvais comme le bon côté des choses. Le propriétaire Monsen a des qualités, de l’instruction et l’intelligence des affaires publiques.

fieldbo. — Des qualités ? Oui, à sa façon. De l’instruction aussi ; il reçoit les journaux, il remarque les discours que tu as prononcés et les articles que tu as écrits. Quant à son intelligence des affaires publiques, il l’a naturellement prouvée en approuvant tes discours et tes articles.

stensgard. — Fieldbo, le démon de la malice reparaît en toi. Pourquoi toujours chercher des motifs ridicules ou méprisables ? Mais tu ne dis pas ce que tu penses. Je vais te confier la raison de ma conduite, la vrai raison. Connais-tu Ragna ?

fieldbo. — Ragna Monsen ? Oui, un peu.

stensgard. — Elle va quelquefois chez le chambellan.

fieldbo. — Secrètement. Elle et Mlle Bratsberg sont amies depuis l’époque de leur confirmation.

stensgard. — Et quelle est ton opinion à son sujet ?

fieldbo. — D’après ce que j’ai entendu dire, ce serait une excellente fille.

stensgard. — Oh ! tu devrais la voir chez elle ! Elle n’a pas d’autre pensée que ses deux petits frères. Et avec quel dévouement elle a soigné sa défunte mère ! Tu sais que, pendant ses dernières années, Mme Monsen ne jouissait pas de toute sa raison.

fieldbo. — Oui, j’ai été moi-même son médecin pen-