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THÉATRE

besoin de rendre compte à chacun de ce qu’on lit et de ce qu’on pense entre ses quatre murs.

madame alving. — Non, bien entendu ; je suis de votre avis.

le pasteur. — Rappelez-vous toutefois les obligations que vous impose cet asile, que vous avez décidé d’ériger, à une époque où vos idées sur le monde moral différaient considérablement de ce qu’elles sont aujourd’hui… autant du moins que je puis en juger.

madame alving. — Oui, oui, nous sommes d’accord. Mais c’est au sujet de l’asile…

le pasteur. — C’est de l’asile que nous devions nous entretenir, c’est exact. Ainsi… de la prudence, chère dame ! Et maintenant, passons à nos affaires. (Il ouvre une enveloppe et en retire des papiers.) Vous voyez ceci ?

madame alving. — Ce sont les documents ?

le pasteur. — Ils sont au complet et en bon ordre. Vous pouvez vous imaginer qu’ils n’ont pas été faciles à obtenir. J’ai littéralement dû peser sur l’exécution. Les autorités sont, on pourrait presque dire, cruellement consciencieuses quand il s’agit de décisions à prendre. Mais enfin, les voici. (Il feuillette le dossier.) Ceci est un état de l’enclos de Solvik, faisant partie du domaine de Rosenvold, avec indication des bâtiments nouvellement construits, école, habitation des maîtres et