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LES REVENANTS

moi, pensez donc ! Il y avait plus de deux ans qu’il était absent. Et il a promis de passer tout l’hiver avec moi.

le pasteur. — Vraiment ? C’est un bon trait de sa part, et vraiment filial, car ce doit être bien tentant, je pense, de vivre à Paris ou à Rome.

madame alving. — Oui, mais ici il a sa mère, voyez-vous. Ah, le cher, le bien-aimé garçon ! Son cœur est tout à sa mère, on peut le dire !

le pasteur. — Ce serait par trop triste aussi, si la séparation et ses occupations d’artiste devaient relâcher des liens aussi naturels.

madame alving. — Ah ! Vous avez raison. Mais avec lui, il n’y a pas de danger. Je suis curieuse de voir si vous le reconnaîtrez. Il descendra tout à l’heure ; en ce moment, il repose un peu sur le sofa. — Mais asseyez-vous donc, mon cher pasteur.

le pasteur. — Merci. Je ne vous dérange pas ?

madame alving. — Au Contraire.

(Elle s’assied à la table.)

le pasteur. — Fort bien, je vais donc vous exposer… (Il prend son sac de voyage sur la chaise où il l’a posé, s’assied du côté opposé de la table et cherche une place convenable pour étaler les papiers.) En premier lieu ceci… (S’interrompant.) Dites-moi donc, madame Alving, d’où vous viennent ces livres ?