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ROSMERSHOLM

mme helseth, à voix basse. — Jésus, mon Dieu, je crois vraiment que c’est lui.

rébecca, tressaillant. — Allons ! le sort en est jeté ! (d’un ton résolu.) C’est bien. Advienne que pourra.

(Jean Rosmer entre par la porte du vestibule.)

rosmer, apercevant les préparatifs de voyage, s’adresse à Rébecca. — Que signifie cela ?

rébecca. — Je pars.

rosmer. — Tout de suite ?

rébecca. — Oui. (à Mme Helseth). C’est dit : à onze heures.

mme helseth. — Bien, mademoiselle.

(Elle sort par la porte de droite.)

rosmer, après un court silence. — Où vas-tu, Rébecca ?

rébecca. — Vers le nord.

rosmer. — Vers le nord ? Que vas tu faire là ?

rébecca. — C’est de là que je viens.

rosmer. — Mais tu n’as plus rien qui t’y appelle.

rébecca. — Ici non plus, rien ne me retient.

rosmer. — Que comptes-tu faire ?

rébecca. — Je n’en sais rien. Tout ce que je désire, c’est que cela finisse.

rosmer. — Que veux-tu dire ?

rébecca. — Rosmersholm m’a brisée.

rosmer, attentif. — Tu dis ?