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ROSMERSHOLM

kroll. — Non, non. C’est à vous que je désire parler, seul à seule.

rébecca. — En ce cas ne perdons pas de temps. Prenez place, monsieur le recteur.

(Elle s’assied dans le fauteuil près de la fenêtre. Kroll prend place sur un siège, à côté d’elle.)

kroll. — Mademoiselle West, vous ne sauriez vous faire une idée de la douleur profonde que me cause le changement survenu dans Jean Rosmer.

rébecca. — Nous avions prévu que cela vous ferait cet effet au premier moment.

kroll. — Au premier moment, dites-vous ?

rébecca. — Rosmer avait l’espoir certain que, tôt ou tard, vous vous rangeriez de son côté.

kroll. — Moi !

rébecca. — Vous et tous ses autres amis.

kroll. — Vous voyez bien ! Telle est la faible de son jugement quand il s’agit des hommes et de la vie réelle.

rébecca. — Du reste, il sent le besoin de s’affranchir en tout.

kroll. — Voilà justement ce que je ne crois pas.

rébecca. — Que croyez-vous donc ?

kroll. — Je crois que c’est vous qui êtes au fond de tout cela.

rébecca. — Cette idée vous vient de votre femme, recteur.

kroll. — Peu importe de qui elle vient. Ce qui