Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
ROSMERSHOLM

rébecca. — De méchantes…

mme helseth. — Oui, je le répète, ce devait être de méchantes gens.

rébecca. — Qui soupçonnez vous ?

mme helseth. — Oh ! je sais bien à qui je pense. Mais que Dieu me garde d’en souffler mot. Il y a en ville certaine dame — hm !

rébecca. — Je vois à votre figure que vous pensez à madame Kroll.

mme helseth. — Ah ! en voilà une, celle-là ! Avec moi, elle s’est toujours montrée d’une hauteur. — Et soyez sûre qu’elle ne vous porte pas dans son cœur.

rébecca. — Croyez-vous que madame Rosmer eût toute sa raison quand elle a écrit cette lettre à Mortensgaard ?

mme helseth. — C’est si curieux, la raison : on n’y comprend pas grand’chose, mademoiselle. Pour moi, je ne crois pas que madame eût jamais perdu tout son bon sens.

rébecca. — Cependant, elle a été comme égarée en apprenant qu’elle n’aurait jamais d’enfants. C’est alors qu’a éclaté sa folie.

mme helseth. — Oui, cela a beaucoup éprouvé la pauvre dame.

rébecca, prenant son ouvrage et s’asseyant sur le fauteuil, près de la fenêtre. — Du reste — ne pensez-vous pas aussi, madame Helseth, qu’au fond