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causer encore un peu avec toi, Gina. Mais ce sera pour une autre fois. Adieu.

(Hialmar et Grégoire la saluent. Gina l’accompagne jusqu’à la porte.)

hialmar. — Pas au delà du seuil, Gina.

(Madame Sœrby sort. Gina referme la porte.)

hialmar. — Eh bien, Grégoire, me voici débarrassé de cette dette que j’avais sur le cœur.

grégoire. — Ou, du moins, tu le seras bientôt.

hialmar. — Je crois que mon attitude a été correcte.

grégoire. — Tu es l’homme que j’avais toujours cru.

hialmar. — Il est des cas où l’on ne peut pas se dérober aux exigences de l’idéal. Père de famille, il me faudra geindre et peiner à cette tâche. Ce n’est pas une plaisanterie, tu comprends, pour un homme sans fortune, que de se dégager d’une dette ensevelie, pour ainsi dire, sous la poussière de l’oubli. N’importe ! L’homme, en moi, réclame aussi ses droits.

grégoire, lui posant la main sur l’épaule. — Mon cher Hialmar, n’est-il pas heureux que je sois venu ?

hialmar. — Si.

grégoire. — N’est-il pas heureux… que la lumière se soit faite sur toutes ces relations ?

hialmar, avec un peu d’impatience. — Je ne dis