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gina. — C’est drôle, les hommes : il faut toujours qu’ils aient de quoi se racréer.

hialmar, irrité. — Oui, oui ; il nous faut toujours quelque chose pour nous récréer.

gina. — Mais c’est exactement ce que je dis.

hialmar. — C’est bien, c’est bien. (À Grégoire.) Vois-tu, ce grenier est si bien situé que personne ne nous entend tirer. (Il dépose le pistolet sur le rayon le plus élevé de l’étagère.) Ne touche pas au pistolet, Hedwige ; souviens-toi qu’il y a un canon chargé.

grégoire, regardant par le filet. — Tu as un fusil aussi, à ce que je vois.

hialmar. — C’est le vieux fusil de mon père. On ne peut plus s’en servir. Il y a quelque chose d’abîmé au chien. Mais c’est tout de même amusant de l’avoir. Nous pouvons de temps en temps le démonter, le nettoyer, le graisser et le revisser ensuite. — Il va s’en dire que c’est surtout mon père qui s’en occupe.

hedwige, qui s’est approchée de Grégoire. — Maintenant, vous pouvez bien voir le canard sauvage.

grégoire. — Je le regarde justement. Il traîne un peu l’aile, à ce qu’il me semble.

hialmar. — Ce n’est pas étonnant, il a été blessé.

grégoire. — Et puis la patte aussi, si je ne me trompe.