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CATILINA
CATILINA

En effet c’est singulier et je n’y comprends rien moi-même.
Oui, je les aime toutes les deux.
Mais combien différents sont ces deux amours.
Aurélia est douce et elle calme la fureur
De mon âme avec sa tendresse ;
Tandis que Furia… Assez, éloigne-toi,
Quelqu’un vient !…

(Ils se cachent derrière les colonnes, Furia entre du côté opposé).

FURIA

Temple maudit ! Témoins de ma douleur,
Murs effroyables qui devez enfermer mon éternelle souffrance,
Tout espoir charmant, toute pensée vivifiante
Est bannie de mon pauvre cœur, de mon pauvre cœur
Parfois glacé et mort, parfois aussi
Plus chaud, plus brûlant
Que cette flamme qui vacille sur l’autel.
Oh ! destin cruel ! Quel fut donc mon crime
Pour m’emprisonner dans ce temple
Où je fus sevrée de toutes les joies de la jeunesse,
De tous les innocents plaisirs du printemps ?
Non, aucune larme ne mouille tes yeux !