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XXXVIII
INTRODUCTION.

distinction les hauts emplois auxquels les sultans Abou-Hafs et Abou-Acîda l’avaient successivement élevé. Il mourut en 737 (1336-7). Son fils, Abou-Bekr-Mohammed, s’adonna à l’étude et aux pratiques de la dévotion. Enlevé par la peste terrible qui sévit à Tunis en 749 (1348-9), il laissa trois enfants : Mohammed, Abou-Zeid-Abd-er-Rahman et Abou-Zékérïa-Yahya. L’aîné de ces frères n’a rien fait qui pût transmettre son nom à la postérité ; le cadet nous a laissé une histoire de Tlemcen[1], et sa triste fin forme le sujet d’un chapitre de l’ouvrage qui a donné au nom de son frère, Abou-Zeid Ibn-Khaldoun, une grande et souvent une juste célébrité parmi les nations chrétiennes et musulmanes.

Abou-Zeid-Abd-er-Rahman Ibn-Khaldoun naquit à Tunis, le 1er Ramadan 732 (fin de mai 1332). Animé, dès sa première jeunesse, de cet amour de l’étude qui le domina pendant toute sa vie, il approfondit de bonne heure les principales sciences cultivées par les docteurs musulmans. Sous la direction des maîtres les plus habiles de sa ville natale, il acquit une parfaite connaissance du texte du Coran, tel qu’il est représenté par les sept éditions de ce livre sacré[2]. Il apprit aussi les Hadîth ou traditions relatives à Mahomet, célèbre recueil des maximes, sentences et récits qui forme, après le Coran, la principale base de la loi islamique ; il travailla en même temps à se rendre maître de la jurisprudence, de l’histoire du Prophète, des chefs-d’œuvre de la littérature arabe et de la philologie de cette langue. Telle fut sa passion pour la culture des lettres, qu’à l’époque où les Mérinides, sous les ordres d’Abou-’l-Hacen, occupèrent la capitale du royaume hafside, il s’empressa aussitôt de travailler sous la dictée de plusieurs savants docteurs que ce monarque y avait amenés dans sa suite. Il était alors âgé de dix-sept ans.

  1. M. l’abbé Bargès a donné une notice de cet ouvrage dans le Journal asiatique de 1841 et de 1842. C’est une histoire qui n’est pas dépourvue de mérite ; mais elle est bien inférieure aux chapitres sur le même sujet qui se trouvent dans l’histoire des Berbères. En comparant les deux traités ensemble, on reconnaît que notre Ibn-Khaldoun a eu sous les yeux le travail de son frère et qu’il s’est efforcé à rendre le sien plus exacte et plus complet.
  2. Voy. ci-après, page 252, note 1.