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XXXVII
INTRODUCTION.

bique. Khald, surnommé Khaldoun[1], huitième descendant de Ouaïl, passa en Espagne avec un détachement de troupes tirées du Hadramout, et se fixa dans Carmona. Vers le milieu du troisième siècle de l’hégire, sa famille alla s’établir à Séville, et pendant longtemps elle fournit à l’Espagne musulmane une suite de généraux habiles et de savants distingués. La puissance des Beni-Khaldoun et la haute influence qu’ils exercèrent dans cette ville se maintint jusqu’à la conquête de l’Espagne par les Almoravides : Youçof-Ibn-Tachefîn, souverain de ce peuple africain, y détruisit pour toujours la domination de l’aristocratie arabe.

Dans la première moitié du septième siècle de l’hégire, la famille Khaldoun, prévoyant la chute prochaine de Séville que menaçaient déjà les armées de Ferdinand III, roi de Castille, émigra en Afrique, et s’allia par des mariages aux Beni-Azéfi, famille puissante qui habitait Ceuta. El-Hacen, trisaïeul de notre auteur, suivit la fortune de l’émir hafside Abou-Zékérïa[2], et mourut à Bône dans la jouissance des bienfaits et des honneurs dont ce monarque l’avait comblé. Son fils, Abou-Bekr-Mohammed, obtint du sultan El-Mostancer, fils et successeur d’Abou-Zékérïa, les mêmes faveurs et les mêmes avantages dont son père avait été reconnu digne. Employé ensuite par le sultan Abou-Ishac en qualité de ministre des finances, il déploya une grande habileté dans cette charge importante. L’usurpateur Ibn-Abi-Omara lui ôta la vie après avoir confisqué ses biens. Mohammed, fils d’Abou-Bekr et grand-père de notre auteur, remplit avec

  1. Plusieurs grandes maisons d’origine arabe adoptèrent de bonne heure l’usage de se distinguer par un nom particulier qui se transmit à leurs descendants. On le choisissait ordinairement dans la liste ancestrale de la famille, et l’on adoptait celui qui était le moins usité et par conséquent, le plus remarquable. C’est ainsi que l’on disait les Beni-’l-Djedd, les Beni-’l-Houd, les Beni-’l-Ghania. Quand tous les noms dans la liste des ancêtres étaient d’un emploi trop général pour servir d’appellation distinctive d’une famille, on en choisissait un, composé de trois lettres radicales, et on y ajoutait la syllabe oun. Ce fut ainsi que se formèrent les noms de Bedroun, Abdoun, Sâdoun, Zeidoun, Azzoun, Khaldoun. En Espagne surtout cet usage fut très répandu.
  2. Voyez l’histoire des Hafsides dans cet ouvrage.