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HISTOIRE DES BERBÈRES.

Ils font semblant de vouloir corriger les abus, parce que cela leur sert de manteau pour voiler d’autres projets ; mais tôt ou tard, ils trahissent leurs véritables intentions, et s’arrachant, les uns aux autres, les fruits de leurs rapines, ils se dispersent sans avoir rien effectué d’utile.

HISTOIRE DES ZOGHBA, TRIBU ISSUE DE HILAL-IBN-AMER. — INDICATION DES BRANCHES DONT ELLE SE COMPOSE.

La tribu de Zoghba est sœur de celle de Rîah. Ibn-el-Kelbi[1] dit que Zoghba et Rîah étaient fils d’Abou-Rebiâ-Ibn-Nehîk-Ibn-Hilal-Ibn-Amer ; mais les membres de ces deux tribus se donnent pour descendants d’un nommé Abd-Illah, circonstance dont ce généalogiste ne parle pas. Il est vrai qu’il cite un Abd-Allah parmi les fils de Hilal. Zoghba et Rîah ont pu être regardés comme les fils de cet Abd-Allah parce qu’il les aurait élevés, ou bien parce que sa haute réputation aurait obscurci celle [de ses frères]. En effet, il arrive très-souvent, dans les généalogies des familles arabes, que l’on trouve le nom d’un oncle ou d’un tuteur substitué à celui d’un père.

Nombreux et puissants lors de leur entrée en Ifrîkïa, les Zoghba subjuguèrent les environs de Tripoli et de Cabes, et tuèrent Saîd-Ibn-Khazroun, prince maghraouien qui gouvernait la première de ces villes. Tel était encore leur état quand les Almohades se rendirent maîtres de l’Ifrîkïa. Ibn-Ghanîa ayant ensuite soulevé cette province, rallia à sa cause plusieurs fractions des tribus hilaliennes, telles que les Rîah et les Djochem ; mais les Zoghba s’éloignèrent de lui et prirent le parti des Almohades. Depuis lors, cette dynastie leur a toujours témoigné une prédilection marquée.

Pour défendre le Maghreb central contre Ibn-Ghanîa, les

  1. Abou-’l-Monder-Hicham-Ibn-Mohammed-Ibn-es-Saïb-Ibn-el-Kelbi, premier auteur musulman qui composa des traités généalogiques, mourut en 204 (819-20), selon Hadji-Khalfa, ou en 206, selon d’autres autorités. Il était fils de l’Abou-’n-Nadr, dont il est question dans la note (2) de la page 57 de ce volume. Ses ouvrages sont le Monzel, le Djemhera, le Ouédjiz, le Ferid et le Molouk.