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VOYAGES

[texte arabe]

du peu d’égards qu’ils ont pour les hommes blancs. Je m’en allai chez Ibn Beddâ, personnage distingué de la ville de Salé, auquel j’avais écrit de me louer une maison, ce qu’il fit.

Plus tard le mochrif, ou inspecteur d’Îouâlâten, le nommé Menchâ Djoû, invita tous ceux qui étaient arrivés dans la caravane à un repas d’hospitalité qu’il leur offrait. Je refusai d’abord de paraître à ce festin ; mais mes camarades m’en prièrent, et ils insistèrent tellement, que je m’y rendis avec les autres convives. On servit le repas, qui consistait en millet concassé, mélangé avec un peu de miel et de lait aigre. Tout ceci était mis dans une moitié de courge ou calebasse, à laquelle on avait donné la forme d’un grande écuelle, ou d’une sébile ; les assistants burent donc, et se retirèrent. Je leur dis : « Est-ce pour cela que le noir nous a invités ? » Ils répondirent : « Oui ; et ce qu’il nous a donné est considéré par les nègres comme le repas d’hospitalité le plus beau. » Je reconnus ainsi avec certitude qu’il n’y avait rien de bon à espérer de ce peuple, et je désirai un moment de m’en retourner presque tout de suite avec les pè-